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Finance et Foi : conjuguer rendement et bien commun

Nicolas Courivaud

Dans un monde en constante évolution, où les défis économiques, sociaux et environnementaux se multiplient, l’Église se mobilise pour montrer qu’une autre voie est possible : celle d’une finance au service de la dignité humaine et du bien commun. Cette ambition, profondément ancrée dans la Doctrine Sociale de l’Église, se traduit par des initiatives concrètes comme la création de l’Institut des Hautes Études de Finance Religieuse (IHEFR) par le Collège des Bernardins et Jean-Baptiste de Franssu (Président de l'IOR), ainsi que la publication du document Mensuram Bonam en 2022.

Ces démarches illustrent une conviction forte : il est possible, et même nécessaire, de conjuguer foi et finance pour promouvoir une économie plus juste et solidaire.


La Puissance de la Finance Religieuse

La finance religieuse représente aujourd’hui une force significative à l’échelle mondiale, avec un poids estimé à environ 10 000 milliards d’euros, dont 1 800 milliards pour les chrétiens. Derrière ces chiffres se cache un potentiel immense pour influencer positivement l’économie mondiale. Mais encore faut-il que ces ressources soient gérées selon des principes conformes aux valeurs chrétiennes.

C’est précisément là qu’intervient la Doctrine Sociale de l’Église, qui propose des repères clairs pour orienter les décisions financières. Ces principes ne sont pas seulement des idéaux abstraits : ils offrent un cadre concret pour investir dans une économie qui respecte les personnes, soutient les communautés locales et contribue au bien commun.


Les Principes Clés de la Doctrine Sociale de l’Église

1. Dignité de la personne humaine : Toute décision financière doit promouvoir et respecter la dignité intrinsèque de chaque individu. Cela implique d’éviter tout investissement qui pourrait nuire aux droits fondamentaux ou exploiter les plus vulnérables.

2. Bien commun : Les investissements doivent viser le développement harmonieux de la société dans son ensemble, en tenant compte des besoins des générations actuelles et futures.

3. Subsidiarité et solidarité : Ces deux principes invitent à soutenir les initiatives locales tout en reconnaissant notre responsabilité collective envers les défis globaux. Ils encouragent une gestion financière qui équilibre autonomie locale et entraide mutuelle.


L’IHEFR : former pour investir avec sagesse

Pour aider les acteurs ecclésiaux à intégrer ces principes dans leurs pratiques financières, l’IHEFR joue un rôle clé. Cet institut forme les économes diocésains, les responsables de communautés religieuses et leurs conseils à conjuguer foi et finance de manière cohérente. Grâce à des outils comme les fonds éthiques ou le rôle d’actionnaire engagé, ces décideurs sont mieux armés pour faire entendre la voix de l’Évangile dans le monde économique.

L’approche proposée par l’IHEFR ne se limite pas à éviter les investissements contraires aux valeurs chrétiennes (comme ceux liés à l’armement ou à l’exploitation humaine). Elle va plus loin en encourageant des choix proactifs : soutenir des projets qui favorisent le développement humain intégral, investir dans des entreprises responsables ou encore s’impliquer activement dans la gouvernance des entreprises en tant qu’actionnaire engagé.

Une question essentielle : vos investissements reflètent-ils vos valeurs ?

Au-delà des outils techniques, cette démarche invite chacun – individu ou institution – à une réflexion profonde : comment mes choix financiers traduisent-ils mes convictions ? Suis-je cohérent entre mes valeurs spirituelles et mes décisions économiques ?

Cette interrogation n’est pas anodine. Dans un monde où l’argent joue un rôle structurant, nos investissements ont un impact réel sur la société. Ils peuvent contribuer à construire un monde plus juste ou, au contraire, perpétuer des inégalités et des injustices.


Vers une Économie au Service de Tous

Conjuguer rendement financier et bien commun n’est pas une utopie : c’est une nécessité pour répondre aux défis contemporains tout en restant fidèle à l’Évangile. En adoptant une gestion financière éclairée par les principes de la Doctrine Sociale de l’Église, congrégations religieuses, diocèses et institutions chrétiennes peuvent devenir des témoins crédibles d’une économie au service de tous.

Alors que nous avançons dans cette direction, il est essentiel de continuer à nous poser cette question fondamentale : nos choix financiers reflètent-ils vraiment notre foi ? C’est là un appel à agir avec discernement, courage et espérance pour transformer nos ressources en instruments de justice et de solidarité.

Ensemble, mettons la finance au service du bien commun.

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